Bilan environnemental du Domaine de la Fage

22/12/2025 - Limiter l'impact environnemental des activités du domaine

Sur le domaine INRAe de La Fage, nous nous attachons à limiter l’impact environnemental de nos activités. L’utilisation d’outils comme le CAP’2ER® nous permet de faire une évaluation précise de nos impacts et contributions environnementales par rapport à des systèmes de production équivalents. Grâce à cette évaluation nous pouvons identifier des pistes d’amélioration des pratiques d’élevage et éclairer nos choix pour de futurs projets ou investissements.

Les gaz à effet de serre (GES) jouent un rôle central dans la régulation du climat. Mais depuis le XIXème siècle, l’augmentation continue des émissions de GES dans l’atmosphère par les activités humaines a déséquilibré le climat, vers un réchauffement global et une fréquence accrue d’épisodes climatiques extrêmes.

En 2022, les rejets de GES du secteur agricole représentent 19% des rejets à l'échelle du territoire national. L’élevage de ruminants contribue pour 10.5% aux émissions nationales ; soit 55% des émissions de GES attribuées au secteur agricole (Chiffres clés de l’environnement en élevage de ruminants, Idele 2024). La proportion des rejets par les élevages petits ruminants est minime, mais l’INRAE s’est fixé comme objectif la neutralité carbone à échéance 2050.

Sur l’unité expérimentale de la Fage, nous évaluons précisément les postes d’émission de GES et recherchons des leviers de réduction et/ou de stockage du carbone, afin de compenser les émissions irréductibles associées à l’élevage.

Entre 2015 et 2020, nous avons étudié les flux d’azote internes et externes de l’unité dans le cadre d’un projet de recherche international Trustfarm  qui a utilisé les données enregistrer sur la structure afin de modéliser des systèmes agroécologiques résilients face au changement climatique.

Évaluer nos impacts environnementaux avec l’outil CAP'2ER

Depuis 2021, nous avons entamé une démarche d’évaluation complète des impacts environnementaux de l’unité avec l’outil CAP’2ER®. Il s’agit d’un outil d’évaluation environnementale multicritère qui permet de situer son exploitation par rapport à des références systèmes. CAP’2ER® tient compte des contributions positives de l'exploitation et de ses impacts négatifs pour une évaluation complète.

 

Bilan Enviro 1
© CAP'2ER

Les deux troupeaux de la Fage sont comparables à des systèmes dits « zone pastorale » pour le troupeau ovin viande et « Nord-occitanie livreurs zone herbagère » pour le troupeau ovin lait. A l’instar des autres élevages de ruminants, la principale source de GES est la fermentation entérique (57%), qui correspond aux rejets de méthane et de CO2 au cours de la digestion ruminale.

Mais 46% des rejets de GES sont compensés par du stockage de carbone dans les sols et les plantes, grâce aux prairies cultivées, aux haies et aux importantes surfaces pastorales. L’entretien et le développement de ces surfaces en herbe est donc un enjeu majeur pour nos élevages.

Bilan Enviro 2
© CAP'2ER

*les résultats des indicateurs pour le troupeau viande sont exprimés en kilogramme équivalent carcasse 

L’élevage ovin viande émet 2.3kg eq.CO2/kg éq.carc.agneau, contre 2.5 en moyenne pour les autres éleveurs de ce système de référence. Car 95% de nos émissions de GES sont compensées par du stockage de carbone. La conduite 100% plein air limite donc les rejets de GES dans l’atmosphère par rapport à une conduite en bâtiment.

Bilan Enviro 3
© CAP'2ER

Cependant, dans un système en plein air intégral, la productivité numérique (nombre d’agneaux vendus par brebis) est plus faible que pour un système conventionnel. 

Bilan Enviro 4
© CAP'2ER

*les résultats des indicateurs pour le troupeau lait sont exprimés en Lait vendu corrigé (les résultats sont en lien direct avec la production laitière du système).

L’empreinte carbone de l’élevage ovin lait est lui inférieur à la moyenne (1.80kg eq.CO2/L lait corrigé contre 1.96 pour la moyenne). Les postes d’émissions sont plus faibles que la moyenne (2.1 contre 2.34). Ceci s’explique par une fertilité, une prolificité et un nombre d’agneau sevrés plus important que pour des élevages équivalents.

Par contre, le stockage de carbone est moins important en raison d’une plus faible proportion de prairies permanentes affectées au troupeau laitier. On sait que les prairies permanentes stockent plus de carbone que les prairies temporaires. Une autre piste de réduction des émissions de GES serait l’augmentation du temps de pâturage des brebis laitières. Mais les contraintes climatiques (pics de chaleur, fortes pluviométrie) et la bi-traite quotidienne en saison estivale nous contraignent à limiter les sorties des brebis au pâturage.

Concernant la gestion de l’azote à l’échelle de l’exploitation, le bilan azoté est excédentaire de 92kg d’azote /ha SAU, sachant que 38kg/ha de cet azote est stocké dans le sol.

Le poste d’émission le plus important (44kgN/ha SAU) est lié à la fabrication, au transport et à l’épandage de l’azote minéral. Mais réduire cet apport sur les cultures affecterait les rendements fourragers, donc limiterait encore l’autonomie alimentaire des troupeaux. L’achat de concentrés représentent un équivalent de 37kgN/ha SAU.

Bilan Enviro 5
© CAP'2ER

Agir pour l’environnement

Les deux principaux leviers sur lesquels nous pouvons agir pour limiter les rejets d’azote sont donc l’optimisation de la fertilisation (organique et minérale) et/ou une l’augmentation de l’autonomie alimentaire.

Cette évaluation environnementale de nos activités nous permet donc d’éclairer nos décisions, nos choix d’investissements et d’identifier des leviers d’actions pour réduire encore nos impacts. Cette première étape sera suivie d’une étude plus poussée qui nous permettra d’explorer encore de nouvelles pistes pour limiter nos rejets, voire d’explorer des pistes de régénération des ressources (biomasse, diversité végétale, agroforesterie, etc.) à l’échelle du système de production.

En 2026, nous allons aussi participer à un projet Holobionte de recherche ambitieux d’évaluation précise des GES émis par la fermentation entérique des brebis. Les émissions de GES chez les petits ruminants ne sont pas suffisamment documentées, cela nous permettra aussi d’évaluer la variabilité de ces émissions entre individus, et à terme de sélectionner les brebis ayant les rejets les plus faibles.

Nous sommes aussi en cours de modernisation de la bergerie pour le troupeau laitier et nous avons intégré un séchage en grange dans ce projet d’envergure. Le séchage nous permettra d'optimiser la production fourragère, tant en quantité qu’en qualité.

Sur l’unité expérimentale de la Fage, nous contribuerons non seulement aux ambitions d’INRAe à l’horizon 2050, mais participons aussi à l’exploration de solutions pour des élevages vertueux à l’échelle du territoire et des filières.

 

Article rédigé par : Noémie Amposta